Jean Moreau : "faire de l'entrepreneuriat social, écologique et solidaire le nouveau modèle de référence"

Peux-tu présenter ta structure et son activité ?

Chez Phenix nous avons un métier simple : lutter contre le gaspillage alimentaire en connectant ceux qui ont trop avec ceux qui n'ont pas assez. Des magasins qui ont trop et qui pendant trop longtemps ont été habitués à jeter le surplus, aux consommateurs ou aux associations qui sont souvent dans le besoin. Phenix c'est donc pour le grand public une application mobile permettant de récupérer des invendus à prix cassés, et pour les magasins un accompagnement pour ajuster au mieux les commandes et éradiquer le gaspillage à tous les niveaux.

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Tu te définis donc comme un natif de l’impact ?

Phenix est une entreprise à impact par nature, avec notre activité qui est à la fois solidaire et écologique, mais aussi avec des pratiques qui sont bien entendu cohérentes, sur le partage de la valeur ou sur les conditions de travail que nous proposons à nos salariés. Avoir un impact positif ne vient pas en complément de notre action mais est structurel chez nous : plus on agit, plus on grossit, plus on a un impact positif fort.

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Comment s'insère le statut de société commerciale de l'ESS et l'agrément Esus ?

Au début de Phenix, on s'était dit qu'on était déjà Impact by design et qu'on n'avais pas besoin de prouver quelque chose en participant à la jungle des labels et agréments. En 2014, c'était encore un agrément plutôt confidentiel, très administratif et sans grande valeur ajoutée. C'est en 2016, en commençant à grandir, que l'on a fait la demande de l'agrément, une procédure accélérée par notre financeur INCO pour qui c'était un des critères pour mettre un ticket chez nous.

L'idée pour nous, c'était de faire partie de ces chefs de file, et de donner envie à d'autres entreprises de s'embarquer, dans ce mode d'entreprendre.

Aujourd'hui, le statut de société commerciale de l'ESS sert de tuteur à notre croissance : c'est un très bon guide pour garder notre ADN initial, et ne pas se dénaturer avec le changement d'échelle. Et en plus, l'agrément Esus nous laisse une marge de manœuvre pour continuer à croitre tout en affirmant notre principe de lucrativité limitée.

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Qu'attends-tu d'Impact France pour représenter les entreprises commerciales de l’ESS ?

Depuis sa création, le Mouvement des entrepreneurs sociaux puis le Mouvement Impact France représente les entreprises qui, comme Phenix, adoptent cette manière d'entreprendre au service de l'intérêt général.

Ce que nous voulons aujourd'hui c'est de rafraichir cette définition de l'entrepreneuriat social et solidaire, pour y adjoindre la dimension écologique à part entière. Il faut aussi promouvoir ce mode d'entreprendre, qu'il soit plus connu, plus diffusé : ça veut dire l'accompagner d'avantages réels, on peut penser à la commande publique ou à la fiscalité, mais également de davantage de contrôle et de sanction afin que ce statut soit véritablement synonyme d'impact positif.

On vise aussi à polliniser le reste de l'économie, Il faut pour cela réadapter le statut de société commerciale de l'ESS pour qu'il soit plus à même d'embarquer les entreprises dans une démarche de transformation pour se conformer à ses critères.